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Dernière mise à jour le 16 décembre 2025

Les gestes de premiers secours

Les trois gestes essentiels pour sauver une vie en cas d'arrêt cardiaque par le grand public (personnes n'ayant pas reçu de formation de santé).

1. Les trois gestes essentiels pour sauver une vie en cas d'arrêt cardiaque

Message clé : Appeler – Masser – Défibriller

En cas d'arrêt cardiaque, quelques minutes font la différence entre la vie et la mort. Pour le grand public, le message prioritaire en 2025 reste volontairement simple :

  • Appeler les secours (15, 18 ou 112)
  • Masser immédiatement (compressions thoraciques continues)
  • Défibriller dès qu'un défibrillateur automatisé externe (DAE) est disponible.

L'objectif est que toute personne témoin d'un malaise grave se sente autorisée à agir, même sans formation longue. Les études montrent qu'une réanimation cardio-pulmonaire (RCP) par compressions seules (massage cardiaque), initiée précocement, améliore significativement la survie, surtout dans les premières minutes suivant l'arrêt cardiaque.

Les insufflations (« bouche-à-bouche ») restent recommandées pour les personnes formées, et en particulier pour certaines situations (enfants, noyade, asphyxie), mais ne doivent pas constituer un frein : en l'absence de formation ou en cas de réticence, mieux vaut masser que ne rien faire.

2. Formations : durées et formats en 2025

Les formations aux premiers secours sont désormais structurées dans un cadre national harmonisé, avec plusieurs niveaux complémentaires.

Formations très courtes : 20 à 30 minutes

Ces « micro-formations » s'adressent au grand public dans les lieux de travail, les collectivités ou les événements (stands, forums, journées de sensibilisation). Elles ont pour but de transmettre un message minimal mais actionnable :

  • reconnaître une urgence vitale suspecte d'arrêt cardiaque ;
  • alerter les secours ;
  • débuter immédiatement des compressions thoraciques ;
  • comprendre le principe du DAE et oser l'utiliser.

Elles ne remplacent pas les formations plus complètes, mais constituent une porte d'entrée simple, compatible avec une large diffusion.

Sensibilisation aux « gestes qui sauvent » (GQS)

Depuis l'arrêté du 30 juin 2017 instituant une sensibilisation aux « gestes qui sauvent », les sessions de 2 heures sont devenues la référence pour une première approche structurée. Elles abordent notamment la protection, l'alerte, la prise en charge des hémorragies, les positions d'attente, la perte de connaissance et l'arrêt cardiaque.

Ces sensibilisations donnent lieu à une attestation, ce qui facilite la valorisation des compétences acquises.

Formations complètes : PSC1 et filière citoyenne

Les formations de type Prévention et secours civiques de niveau 1 (PSC1), d'une durée d'environ 7 heures, permettent d'acquérir un ensemble de compétences plus large (urgences vitales et situations courantes de premiers secours).

Le décret n° 2024-242 du 20 mars 2024 a simplifié le cadre des formations aux premiers secours et décrit plusieurs filières, dont une filière citoyenne, destinée notamment aux formations du grand public (GQS, PSC1, citoyen sauveteur).

L'ensemble de ces dispositifs est complémentaire :

  • micro-formation 20 à 30 minutes : entrer dans l'action, lever les freins ;
  • session GQS 2 h : ancrer les réflexes de base ;
  • PSC1 / formations plus longues : élargir et approfondir les compétences.

3. Les quatre points essentiels de la formation « Appeler – Masser – Défibriller »

Les contenus destinés au grand public devraient cibler en priorité quatre objectifs pratiques :

1. Reconnaître un arrêt cardio-respiratoire

  • personne inconsciente ;
  • ne respire pas ou ne respire pas normalement (gasps, respiration anormale) ;
  • absence de réaction malgré stimulation.

2. Appeler immédiatement les secours

  • composer le 15, le 18 ou le 112 ;
  • expliquer clairement ce qui se passe, où l'on se trouve, ce que l'on fait ;
  • suivre les consignes, y compris l'assistance téléphonique à la RCP (téléphone-guidée).

3. Masser sans interruption inutile

  • placer les mains au centre du thorax ;
  • appuyer fort et vite (environ 100 à 120 compressions par minute) ;
  • laisser le thorax remonter entre chaque compression ;
  • limiter au maximum les pauses.

4. Utiliser un DAE le plus tôt possible

  • allumer l'appareil dès qu'il est disponible ;
  • suivre les consignes vocales ;
  • coller les électrodes sur le thorax nu ;
  • s'écarter pendant l'analyse et le choc ;
  • reprendre immédiatement le massage après le choc, jusqu'à nouvel ordre des secours.

Dans ce schéma, la priorité est l'action : le geste doit rester simple, reproductible et compréhensible pour un non-professionnel.

4. Cadre juridique actuel de l'utilisation des DAE

Depuis le décret n° 2007-705 du 4 mai 2007, l'utilisation des défibrillateurs automatisés externes est ouverte à toute personne, même non médecin et sans limite d'âge.

Les textes ultérieurs ont renforcé ce dispositif :

  • la loi n° 2018-527 du 28 juin 2018 relative au défibrillateur cardiaque et les décrets n° 2018-1186 et 2018-1259 ont rendu obligatoire la présence de DAE dans de nombreux établissements recevant du public (ERP) et instauré une base de données nationale des DAE, alimentée par les exploitants ;
  • l'arrêté du 29 octobre 2019 précise les modalités de signalisation des DAE dans les lieux publics et leurs caractéristiques techniques, complétant l'arrêté du 16 août 2010 sur la signalisation ;
  • la loi n° 2020-840 a créé le statut de citoyen sauveteur, offrant un cadre protecteur aux témoins qui interviennent de bonne foi lors d'un arrêt cardiaque.

Les anciens arrêtés de 2009 et 2010 sur l'initiation spécifique à l'utilisation des DAE ont été abrogés ou intégrés dans les dispositifs actuels, en particulier l'arrêté du 30 juin 2017 sur les gestes qui sauvent.

5. Qui peut former et dans quelles conditions ?

Dans le cadre actuel, l'initiation et la formation du grand public peuvent être assurées par :

  • des organismes habilités au secourisme (associations agréées, organismes de formation, structures habilitées par les préfectures) ;
  • les centres d'enseignement des soins d'urgence (CESU) pour certains publics ;
  • des professionnels de santé formés à la pédagogie des premiers secours, intégrés à la filière pédagogique de sécurité civile ;
  • des formateurs GQS/PSC1 reconnus dans les référentiels nationaux.

Le décret 2024-242 et les arrêtés de 2024 ont clarifié les conditions d'habilitation, de formation initiale et continue des formateurs, en insistant sur la qualité pédagogique et la mise à jour régulière des compétences.

L'initiation du grand public à l'utilisation des DAE s'intègre désormais dans ce cadre global, plutôt que dans un texte isolé.

6. Programmes d'information et de sensibilisation

Le CFRC encourage vivement les collectivités, structures de santé, entreprises et associations à :

  • déployer des programmes d'initiation « Appeler – Masser – Défibriller » lors d'événements grand public ;
  • organiser des sessions GQS de 2 heures ouvertes à tous ;
  • proposer ou faciliter l'accès à des formations PSC1 pour les citoyens volontaires ;
  • relayer les campagnes nationales sur la chaîne de survie, le statut de citoyen sauveteur et la disponibilité des DAE.

L'objectif est d'augmenter la proportion de témoins capables de déclencher une RCP et d'utiliser un DAE avant l'arrivée des secours professionnels.

7. Signalisation des défibrillateurs

Pour être utiles, les DAE doivent être visibles et rapidement identifiables.

  • L'ILCOR a validé un pictogramme international pour signaler la présence d'un DAE, conforme aux normes ISO 7010 et 3864-3 (panneau vert, cœur traversé par un éclair, croix et mention « AED/DAE »).
  • En France, l'arrêté du 16 août 2010 et l'arrêté du 29 octobre 2019 fixent les modalités de signalisation et de déclaration des DAE dans les lieux publics et ERP.

Il est recommandé que :

  • le pictogramme DAE soit visible à distance, dans les circulations principales ;
  • un cheminement clair (fléchage) mène au DAE ;
  • l'emplacement soit renseigné dans la base de données nationale (et, si possible, dans les applications ou dispositifs numériques utilisés par les SAMU et services de secours).

8. Les recommandations du CFRC pour les programmes de DAE

Pour aider les collectivités et institutions à mettre en place des programmes de défibrillation par le public, le CFRC recommande de structurer la démarche autour de plusieurs questions clés :

1. Mise à disposition des matériels

  • choix entre DAE entièrement automatiques ou semi-automatiques ;
  • accessibilité 24 h/24 si possible, notamment dans les espaces très fréquentés (gares, centres commerciaux, équipements sportifs).

2. Choix des sites d'implantation

  • analyse des flux de population et des délais d'intervention des secours ;
  • priorisation des lieux où la probabilité d'arrêt cardiaque est élevée ou l'accès au SAMU/SMUR allongé.

3. Stratégie de formation

  • combiner des initiations courtes (20 à 30 minutes) et des sessions GQS ;
  • proposer des formations complètes (PSC1) pour des relais de proximité (agents municipaux, personnels d'accueil, associations).

4. Information du public

  • campagne locale expliquant le message « Appeler – Masser – Défibriller » ;
  • communication sur l'emplacement des DAE (site internet, plan, affichage).

5. Intégration dans la chaîne des secours

  • signalement de tous les DAE aux services de secours et à la base nationale ;
  • coordination avec les SAMU/SMUR, SDIS et associations.

6. Maintenance et évaluation

  • plan de maintenance (électrodes, batteries, auto-tests, vérifications périodiques) ;
  • suivi des utilisations et retour d'expérience pour améliorer en continu le dispositif.

9. Évaluation et amélioration continue

L'évaluation des programmes d'accès public à la défibrillation repose sur plusieurs sources :

  • la base de données nationale des DAE, qui recense leur localisation et leurs caractéristiques ;
  • les données recueillies par les équipes de secours (usage du DAE avant leur arrivée, RCP par témoins, délais, retour à une circulation spontanée, survie à la sortie d'hôpital) ;
  • les retours d'expérience des citoyen·ne·s sauveteurs et des services d'urgence.

Cette approche permet d'identifier :

  • les zones où la couverture en DAE reste insuffisante ;
  • les besoins de formation supplémentaires ;
  • les points de blocage (non-utilisation de DAE présents, méconnaissance, difficulté de repérage).

L'objectif final reste inchangé : augmenter le nombre de témoins qui appellent, massent et défibrillent, réduire les délais d'intervention et, très concrètement, sauver davantage de vies après un arrêt cardiaque extra-hospitalier.